10/10/25
Un jeune chef talentueux au parcours atypique
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Bonjour Théo, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Théo Kopp, j’ai 29 ans et je suis français. J’ai travaillé comme ingénieur jusqu’en 2021, année où j’ai décidé de me reconvertir dans la cuisine. Aujourd’hui, je travaille au restaurant luxembourgeois « Ma Langue Sourit », dirigé par le chef Cyril Molard, doublement étoilé au guide Michelin. Quand j’étais enfant, ma mère avait un emploi prenant et ne pouvait pas toujours être présente aux heures des repas. Dès l’école primaire, j’ai commencé à cuisiner à la maison et j’ai tout de suite adoré ça. Même si j’ai d’abord suivi un parcours d’ingénieur, cette passion m’a finalement rattrapé.
Tu as fait tes débuts comme commis de cuisine à La Réunion. Peux-tu nous raconter ces premiers pas où ta passion est devenue ton métier ?
Je suis arrivé à La Réunion en 2021 avec l’envie de me lancer professionnellement dans la cuisine. C’était une période très marquante car c'était ma première immersion dans le monde exigeant de la restauration. Je travaillais dans un hôtel 4 étoiles situé en bord de mer, dans un cadre magnifique. Nous avons même eu l’honneur d’accueillir toute l’équipe Miss France pour leur voyage avant l’élection. Ce sont mes premiers souvenirs en gastronomie, et ils restent très forts pour moi.
Assez rapidement après La Réunion, tu pars travailler à Paris dans un établissement du célèbre chef Mory Sacko. Qu’est-ce qui t’inspire dans son parcours ?
J’ai travaillé dans le tout premier restaurant street food de son concept « MoSugo ». Ce qui m’inspire chez lui, c’est avant tout sa cuisine fusion, entre influences françaises, africaines, sénégalaises et japonaises. Il a une grande liberté de ton, que ce soit dans sa cuisine ou dans les médias. Il s’est affranchi des codes traditionnels de la gastronomie, et je trouve ça très admirable.
J’apprécie aussi énormément sa personnalité : c’est quelqu’un de solaire, dynamique, et profondément sympathique, pas seulement dans les médias. C’est un vrai entrepreneur, mais il forme surtout un duo très inspirant avec sa femme, Émilie Rouquette, qui joue un rôle essentiel dans la gestion de leurs projets. Ils avancent ensemble, main dans la main.
Parle-nous de ton plat signature, celui que tu défendras à Milan. Pourquoi ce choix ?
Ce plat s’est imposé assez naturellement dès que je me suis lancé dans le concours. Il n’y a pas de thème imposé, il faut proposer un plat qui nous représente. Je viens de Moselle, en Lorraine, et un plat emblématique de cette région, c’est la potée lorraine. C’est un plat paysan à base de chou, pommes de terre, oignons et viande de porc.
Cela fait une dizaine d’années que j’ai envie de le remettre au goût du jour, car on ne le voit quasiment jamais à la carte des restaurants, même dans ma région natale. Pour le concours, j’ai aussi voulu y associer des produits forts de la région comme la mirabelle, et un alcool très populaire en Lorraine : le picon.
Cyril Molard est ton mentor pour le concours, mais aussi au quotidien. Que t’a-t-il appris ?
Il m’accompagne à chaque étape du concours. Travailler chez lui est aussi ma première expérience dans un restaurant étoilé. Professionnellement, cela m’a fait faire un grand bond en avant. Avec lui, j’ai beaucoup appris sur la régularité. Créer, c’est une chose mais reproduire une assiette identique, avec la même exigence, jour après jour, c’est ce qu’il y a de plus difficile.
Cyril m’a aussi apporté beaucoup sur le plan technique, tant au niveau des gestes que des produits. Il tient vraiment à être présent en cuisine à chaque service. Il est toujours là pour nous corriger, nous faire progresser et nous élever professionnellement.
Qu’est-ce que le concours S.Pellegrino Young Chef t’a déjà apporté jusqu’ici ?
C’est un vrai tremplin. Aujourd’hui, dans le monde de la gastronomie, il est important d’être visible, de pouvoir se démarquer. Avant le concours, si on tapait mon nom sur Google, on tombait surtout sur mon ancien profil LinkedIn d’ingénieur. Maintenant, on sait que je suis cuisinier, et ça, c’est déjà une victoire ! Le concours m’a aussi permis de faire des rencontres, d’élargir mon réseau. Il ouvre des portes et permet de participer à des événements exceptionnels, comme « Dinner in the Sky ».
Quel conseil donnerais-tu à un jeune chef qui souhaite participer à un concours ?
Je lui dirais d’être prêt à s’impliquer à fond, car cela demande énormément de temps et d’investissement. Il faut aussi que le plat ait une vraie identité, qu’il raconte quelque chose de fort, qu’il transmette des valeurs personnelles. Puiser dans son terroir, ses origines, peut vraiment faire la différence. Et surtout : ne pas vouloir seulement impressionner par la technique. Ce qui compte au final, c’est le goût. C’est ce dont les jurés se souviendront.
Comment comptes-tu te préparer pour la grande finale à Milan ?
Le plat reste le même que celui présenté à la finale régionale, donc je vais me concentrer sur la qualité des produits. Je travaille avec des producteurs pour obtenir les meilleurs ingrédients possibles. Je collabore aussi avec un ébéniste pour améliorer l’esthétique de la présentation. Et bien sûr, je reprendrai les entraînements chaque week-end !
Et dans 5 ou 10 ans, tu te vois où ? Quel est ton rêve ?
Pour moi, ce ne sont pas seulement des rêves : ce sont de vrais objectifs. Je souhaite ouvrir mon propre restaurant. J’avais une vie confortable en tant qu’ingénieur, mais la restauration demande beaucoup de sacrifices. Si je continue sur cette voie, c’est pour concrétiser ce projet : proposer ma propre cuisine dans un lieu à moi.
Comment définirais-tu ta cuisine ? Quelles sont tes inspirations ?
J'aime bien définir ma cuisine comme une cuisine locale et de saison. Au Luxembourg, je suis très proche de ma région natale. Je peux travailler des produits que j'aime et que je connais, ça me permet vraiment d'approfondir encore plus parce que ce sont des produits que je maîtrise. Je connais leur saisonnalité, je connais aussi également des producteurs, je sais où aller chercher les meilleurs produits. Dans ma cuisine, j'aime la gourmandise. J'aime quand on se régale. Ce que j'ai toujours adoré mettre en avant, c'est vraiment ce côté gourmand.